Nadejda Tolokonnikova est une des Pussy Riot condamnée à 2 ans de camp pour avoir chanté une prière punk contre Poutine dans la cathédrale orthodoxe Saint Sauveur.
Le camp de Mordovie "Colony 14" est hérité du goulag soviétique.
Nadejda écrit la lettre quand elle entame sa première grève de la faim.
Médiapart la publie.
Jeanne Moreau la lit.
Les conditions de détention actuelles dans les prisons russes sont dans cette lettre.
Je pense à l'interview d'Anne Smirnov que j'ai faite l'an dernier et à l'histoire de Volodia, l'homme qu'elle a aimé, engagé à l'âge de 16 ans, en 39, aux côtés de Staline.
Je pense aux paroles de Volodia rapportées par Anne Smirnov :
"J'ai été bien dressé mais à la guerre on apprend vite ! C'est la guerre et la manière dont on la faisait qui m'a ouvert les yeux."
Je pense à l'histoire des longues files d'attente de femmes portant des petits paquets qu'elles avaient le droit d'envoyer, lorsque les hommes étaient envoyés au goulag. Quand le paquet était refusé la formule de l'administration était "Dix ans sans droit de correspondance".
C'était la seule façon pour elles de comprendre que leur fils, leur ami, leur époux étaient morts au goulag.
La lettre de Nadejda, Pussy Riot punk me semble d'un autre temps, d'un autre monde
Une lettre d'aujourd'hui, venue de la Russie d'aujourd'hui et je pense à l'URSS que m'a décrite Anne Smirnov d'un autre temps.
Nadejda dit aussi une chose qui m'arrête plus particulièrement : il est impossible de se révolter dans ce camp car ceux qui sont les geôliers et les chefs sont des prisonniers enrôlés par l'administration pénitentiaire.
Des prisonniers à qui on a donné des bons points et des grades.
Des prisonniers qui veulent se faire bien voir de la hiérarchie.
C'est si simple comme idée, comme organisation d'une petite société carcérale. Et ça fonctionne toujours aujourd'hui : à merveille.
