Bon, ici, vous trouverez les textes écrits pour les installations et autres oeuvres plastiques d'Aurélien, un ami plasticien. Il préfère que je dise Aurecrea, c'est son nom d'artiste.
En général, on se retrouve autour d'un café dans la cuisine et on papote, on rêve, on déborde, déforme, tord, retord, s'insurge, dégurgite, palpite, précipite. Et on écrite à quatre mains !
En général, on se retrouve autour d'un café dans la cuisine et on papote, on rêve, on déborde, déforme, tord, retord, s'insurge, dégurgite, palpite, précipite. Et on écrite à quatre mains !
Et puis quand il est parti, je prends le temps de réécrire le projet que je lui envoie. Et souvent on re-papote, rêve, déborde, déforme, tord.. ect
Je vous propose en lecture les écrits des projets :
- Installation Monolithe et Bac à Sable, la dernière en 2013 pour laquelle nous avons fait une Lecture/ Performance à Port-Barcarès avec le musicien Nicolas : voir rubrique dans les libellés.
- Et puis Les Détableauïdes Dépivotés que vous verrez peut-être sur les toits des maisons, des immeubles, des parkings, des abris-bus, dans les jardins, les cimetières, les stades, les écoles
Aventurez-vous sur le blog d'Auré pour voir les oeuvres en vrai :
http://alalinarde-aurelien-aurecrea.over-blog.com
http://alalinarde-aurelien-aurecrea.over-blog.com
Et puis la dernière, c'est le Projet Ernest en gestation pour 2014 !
- Aventure Bac à sable et Monolithe
1. Bac à sable : Un premier cimetière.
Contenu et Démarche :
Au rez-de-chaussée de votre espace d’exposition, Bac à sable, une installation de 6 sculptures, lesquelles allient et confrontent matières chaudes et froides : le bois et le fer, dessine un premier cimetière d’objets manufacturés mis au ban de la société autrement dit « retraités ». Une retraite loin d’être tranquille.
En effet, 3 Moto-Cycles en phase de décomposition ont été déterrés, désensablés ou sortis des eaux. Le temps avait sculpté des pièces rares et uniques alors qu’il s’agissait au départ d’objets industriels de grande consommation. L’acte artistique consistait alors à profaner les tombeaux des objets disparus mais aussi à les transformer en accélérant notamment le processus de destruction pour les fragiliser davantage jusqu’à l’ultime déséquilibre.
Au centre de l’installation, un bac à sable mouvant aspire et invite au « je ». Le désir est aussi de faire exploser l’espace de représentation. Peut-être les gens feront-ils des pâtés dans le bac à sable et voyageront-ils sur ces montures intemporelles ? Un espace public de jeu, de liberté et de poésie est autorisé… dans votre espace d’exposition.
2. Monolithe : un second cimetière.
Contenu et démarche :
Les voyageurs s’aventureront ensuite au premier étage, pour découvrir et se perdre dans Monolithe, un second cimetière. 12 tableaux fonctionnent par paires indivisibles et dessinent les contours d’un seul bloc labyrinthique aérien.
Les glacis transparents des toiles renvoient l’image des promeneurs. Ils se projettent et se perdent dans les écrans noirs et s’étirent au fil des lignes jusqu’à la disparition éventuelle.
Au final, cette installation propose une déambulation d’un cimetière de sable à un cimetière aérien d’écrans flottants. Elle laisse libre cours aux projections et à l’imaginaire de chacun. Le spectateur devient acteur de l’exposition, fabricant sa propre histoire.
- Détableauïdes Dépivotés
Détableauïdes
dépivotés est une installation plastique et sonore. Il s'agit
d'une machine fonctionnant à l'électricité, laquelle lui permet de
tourner sur elle-même. Ce processus offre ainsi la possibilité de
créer plusieurs niveaux de lecture. Afin de réaliser cet objet, une
démarche pluridisciplinaire s'est avérée indispensable. En effet,
ce travail mélange mécanique, musique, arts plastiques, poésie et
ouvre la porte à d'autres univers.
La thématique
globale de notre projet questionne les notions d' « écran »
et d'« image » omniprésents et omnipotents dans la
société occidentale contemporaine, mais aussi « l'espace de
représentation ».
I. Création des
détableauïdes dépivotés : notre
démarche.
Tout d'abord, un
travail autour des codes construisant chaque discipline a été
nécessaire pour élaborer le projet. Nous avons trouvé des points
communs entre musique, arts plastiques et poésie. Notamment la
ligne écrite, la notation de la partition, la ligne de fuite ou le
trait du dessin. Nous avons également questionné les supports
utilisés dans nos disciplines : le format rectangulaire « standard »
semblait prépondérant. Il suffit d'évoquer le format du livre, de
la partition, de la feuille, du pupitre, du cahier d'écriture, de la
feuille à dessin ou du tableau. Ainsi, peu à peu un langage
spécifique commun est né.
Ensuite, notre réflexion
s'est portée sur le phénomène « écran » qui envahit
nos espaces tant publics que privés et formatent nos
représentations. Non seulement la partition de musique est un format
écran mais aussi le tableau, l'écran de cinéma, la scène de
spectacle, le mur invisible entre le spectateur et la création. La
société marchande a aussi largement utilisé l'écran pour
fabriquer des objets du quotidien indispensables. La construction de
notre monde « visible » n'est-elle pas établie autour de
l'écran d'ordinateur mais aussi autour de celui du portable, de la
télévision ou de l’écran publicitaire ? Ces objets sont devenus
en quelque sorte des appendices, un prolongement du corps humain.
Homme « écran »?
En outre, ce
phénomène écran est inscrit dans notre quotidien, il s'impose
comme légitime et incontournable. La société l'a normalisé, et
encourage la production d'images à des fins marchandes. Ce rôle de
producteur d'images nous a troublés. En effet, le monde visible
apparaît comme une succession infinie d'images retranscrites d'écran
à écran. Peu à peu, il se transforme, se déforme et nous échappe.
Les images prennent le pouvoir. L'homme devient assujetti à un
miroir déformant, souvent marchand qui le détourne peu à peu de
l'espace et du lien social "réel". La société marchande
semble orchestrer consciemment et inconsciemment la déréalisation
de l'homme. Homme « image »?
Pour enrichir notre
recherche, nous sommes allés observer ce qui est le plus visible :
les sucettes publicitaires, les panneaux, les affiches etc. Nous
avons étudié les codes de présentation utilisés par l'image
marchande : l'emplacement, la couleur, le mouvement et l'éclairage.
Ces notions fondatrices de nos disciplines ont été récupérées et
pillées. Le long des rocades par exemple, les panneaux publicitaires
amovibles ont un effet hypnotique en raison du mouvement, du choix
des couleurs et des lignes de force. Ils sont savamment composés.
L'esthétique choisie est parfaitement maîtrisée au service du
slogan. Ces « écrans slogans » ont provoqué un sentiment
d'attirance répulsion très fort. De là est né le besoin de faire
exploser non seulement les codes artistiques récupérés par le
monde marchand mais également ceux de nos arts respectifs. Comment
détourner ces codes, comment jouer avec ? Comment les
annihiler ? Comment retrouver ou créer d'autres espaces de
liberté ?
Au final, de cette
expérimentation a surgi Détableauïdes Dépivotés. Cette
installation est conçue pour détruire l'espace de représentation,
les codes artistiques marchands, et simultanément inventer un espace
libre, incontrôlable et surtout contournable. Cet espace n'est pas
hiérarchisé ni « hiérarchisable ». Pas d'artiste
homologué à son origine mais une création autonome plaçant
l'individu comme acteur « d'une utopie concrète ». Cet
espace poétique abolit la frontière dedans-dehors et peut
surgir où bon lui semble. C'est un espace concret qui croise la
notion d'hétérotopie développée par Michel Foucault dans
une conférence datant de 1967 intitulée " Des espaces autres"
et publiée dans Dits et Ecrits en 1984.
Comment sortir de
l'espace de représentation officiel cadenassé et homologué ?
Comment se réapproprier l'espace public ? Nous souhaiterions
proposer notre installation hors les murs et réfléchir aux
possibilités d'une mobilité quotidienne ou hebdomadaire de
Détableauïdes dépivotés : dedans, dehors, sur une place
publique , dans un jardin privé, une galerie, sur une péniche, un
pont, dans une rue, une gare, près d'une fontaine, d'un ruisseau,
dans une impasse, une cave, dans les arbres, sur un bus, un balcon,
une remorque, dans une médiathèque, un bois, un cinéma, un champ,
un théâtre, un parking, un musée, un quai, une casse, un lycée,
un cimetière, une zone industrielle, une zone pavillonnaire, une
déchetterie, une piscine, un gymnase, sur un toit... Partout et
surtout nulle part.
II. Installation bancale des
détableauïdes dépivotés : Espace
visible, Espace invisible.
- Installation bancale dans l’espace public.
L’aventure commence au cœur
d’une salle de l’Espace 29 à Bordeaux. Le visiteur marche sur la
carte géographique de son quartier, collée au sol et pénètre à
l’intérieur d’une salle vide dans laquelle il découvre le
premier des 3 détableauïdes dépivotés en mouvement. Trois vélos
sont à la disposition des volontaires et un parcours pour trouver
des bancs sonorisés est proposé. Un message indique :
« Trouvez les bancs et prenez
le temps de vous asseoir pour entendre et voir. N’oubliez pas vos
écrans en tout genre. Bonne recherche bancale ! »
Il s’agit alors de partir à pied
ou à vélo, en quête des bancs à dossiers créés à partir
d’objets récupérés dans le quartier (lors des ateliers décrits
en II. 2) puis de prendre le temps de s’y asseoir. Sur chaque banc,
des clés USB serviront à télécharger une création sonore du
musicien Boris Cenon réalisée à partir de son imprégnation du
quartier.
L’orientation de chaque banc
public donne un angle de déambulation pour trouver le prochain. À
l’arrivée, les promeneurs découvrent un banc sans dossier. Ils
pourront s’asseoir dans tous les sens pour chercher du regard les 2
autres détablauïdes dépivotés disposés au détour d’une rue,
sur un arbre ou un toit…
Une fois par semaine, autour des
bancs publics, des lectures de poésies ou des performances en lien
avec la réflexion sur le territoire seront proposées. Enfin, le
parcours et l’emplacement des détableauïdes dépivotés
changeront tous les 3 jours ou toutes les semaines.
Ainsi, les promeneurs vont non
seulement se réapproprier poétiquement l’espace public
mais aussi le regarder autrement et l’interroger. Ils verront
des choses qui n’appartiennent plus aux artistes. L’espace de
représentation est ainsi détruit. Ces machines qui tournent sur
elles-mêmes redessinent dans les lieux publics quotidiens un espace
possible de rêves.
Au final, notre installation
déploie « un espace autre », une utopie réaliste.
Une hétérotopie existe pour reprendre les mots de Michel
Foucault. L’artiste et l’œuvre sont désacralisés. L’art
permet juste de s’abandonner et se perdre dans l’espace public
pour retrouver sa liberté : le droit à imaginer, rêver,
réinventer ou créer.
Quant aux artistes, ils
poursuivent, reprennent ou complètent les recherches de certains
artistes des années 70 comme Allan Kaprow ou Tinguely. Notre
position est d’ouvrir un espace poétique. L’oeuvre ne nous
appartient plus. Une fois l’installation mise en place, nous nous
effaçons et laissons libre cours aux promeneurs. Certains
griffonneront sur les bancs, inventeront, les transformeront…
- Travail en partenariat avec les gens du quartier : les interventions bancales.
Nous souhaiterions intervenir dans
les écoles, collèges, lycées ou associations motivés pour
présenter notre projet et surtout leur proposer d’y participer.
Dans l’optique d’une
réappropriation poétique de l’espace public des quartiers, nous
nous promènerons et récupérerons tous les objets jetés qui
traînent : débris, rogatons, ou autres rebus abandonnés afin
de les transformer ensuite en bancs publics.